Pardes est beau. Il sait qu’il exorcisera sa soif d’attention en s’enveloppant dans le drap de la générosité. Son sens de la persuasion est son unique source d’énergie. Il en jouera de longues années, faisant un pacte avec le Mensonge, épris de sa propre image. Il ne rouvrira pas les yeux tant que sa barque branlante d’avance sur le fleuve de l’amour.
Pardes est déraisonné ; il connait ses atouts et refuse l’évolution. Il faudra peu de temps pour que j’y sois réceptive. Malgré l’utopie qui berce la situation, il s’accroche à mes yeux, me colle à la peau et me fait cauchemarder de n’est plus qu’une tombe de chair vide, sans lui.
Pardes est le prince de la douceur. Il sait transformer un passé râpeux en un accidentel souvenir. Sans limite, il me fait l’amour jusqu’à me remplir d’épuisement et me descendre à ses genoux. Il n’oublie pas que son rôle le rend superbe. Sa barque s’est introduite en moi et navigue dans la boue noire de mes angoisses. Le rouage est lancé.
Pardes voit comme je me plie délicieusement à ses caprices déguisés, à ses jérémiades étouffées. Il feint d’être sous la domination ; ce jeu est devenu naturel pour lui, sa position est idéale. J’y crois, je n’ai plus que son drap sur mes yeux et je perds la notion d’un temps ineffable qui glisse entre mes mains.
Pardes a maintenant déchiré son drap, croyant à la légitimité de sa colère. Il a attendu que ce lien prenne une place vitale pour le briser d’un geste et balayer cet équilibre illusoire. La bile qu’il a sagement laissée bouillir en lui remonte comme une vague de frénésie et déferle sur mon être impuissant. Il s’est accaparé tant de points vitaux en moi que je me sens gangrénée à chaque instant qui passe. Un brasier que mon corps ne peut contenir s’installe entre mes murs saignants. J’ai beau m’arracher le visage, je ne parviens pas à disparaitre.
Pardes me nargue et me laisse mourir de faim, me privant de la généreuse énergie dont il s’est fait garant et dont il m’a inondée si longuement. L’hameçon fermement accroché entre mes os est devenu son jouet. Il traverse la terre et me relie à lui par la douleur. Même sous le ciel qui me sert d’hospice à ce moment, je n’ai plus que le vide pour confident, l’échec pour compagnon.
Pardes ne partage pas, n’offre pas, ne concède pas. Sous l’air innocent qui l’habite, il continue à m’étrangler en me tournant le dos. Il a arraché ma matrice, l’a clouée sur son corps pour s’en faire un habit de fierté et s’éloigne en faisant claquer chaque vaisseau qui me retient à la vie.
Pardes, tu n’es qu’une merde.